mercredi 11 août 2010

Un premier truc de dingue

Ce que je vais faire, c'est un truc de dingue, un truc de ouf, un truc qui me dépasse mais auquel j'ai pensé très très très souvent et que je n'ai pas voulu faire pendant très très longtemps mais tant pis, aujourd'hui, je le fais et je vous donne à lire les trois premières pages de mon premier manuscrit :

Dans ma vie, il y a Selma. Il y a eu Pauline, Solène, puis Mona. Une amie chaque année, compliqué. Il trouve toujours le moyen de me séparer des copines. A croire que c’est un complot. Je soupçonne une étrange affaire monnayée entre le principal et mon père.
Je ne connais Selma que depuis deux semaines mais elle a passé avec brio l’épreuve de maths, mention “très marrante”. Assise à ses côtés, je me suis vraiment amusée et le cours a pris un air de récré. Equations, multiplications, je ne sais pas. Je n’avais d’oreilles que pour les conneries de Selma. Le lendemain, j’ai moins rigolé quand Monsieur Pythagore nous a demandé de ranger nos livres et nos cahiers.
Selma a des avis sur tout et elle a surtout une maman qui fait de délicieux gâteaux. Depuis la rentrée, lundi est devenu mon jour favori. Lundi, je me régale des nombreuses pâtisseries restantes du week-end. Je me goinfre mais c’est tellement bon. Tellement que j’aie surnommé affectueusement Selma “ mon petit makrout ”.
– Je n’aime pas les cachotteries, m’a avoué maman sur un ton digne des soirées officielles mère-fille.
Et elle a ajouté :
– Il est gentil ce garçon dont tu parles si souvent?
Et j’ai demandé :
– Lequel?
– Et bien le petit Makrout!
Ma mère m’étonnera toujours.
Dans ma vie, il y a donc ma mère. Une femme divorcée et heureuse à temps partiel. Côté pâtisserie, c’est gâteau de saison : galette des rois, crêpes, bûches et gâteaux d’anniversaire sur lesquels la bougie toxique dégouline le temps de la chanson.
Il faut dire aussi qu’elle est très prise. Entre mémé Marcelle, mémé Josette ou pépé René. Trop de travail. Ménage, pipi du chien, caca du pépé Claude. Le salaud, peloter ma mère et en plus la demander en mariage. Et le problème n’est pas tant la grivoiserie du geste que ma mère a eu du mal à surmonter mais les quelques euros perdus sur son salaire en démissionnant. Entre nous, ça ne rapporte pas beaucoup de se faire tripoter les nichons.
Elle est belle ma mère. Il n’est pas fou le pépé Claude. Elle est ouverte aussi. Et quand mon père ouvre la bouche, ça fait de sacrés courants d’airs. Impossible de les accorder. Ce que maman invoque comme des évidences sont des malédictions pour mon père. M’informer sur les méfaits de l’alcool, c’est m’autoriser à prendre une cuite. Me parler contraception et le soir même je perds ma virginité.
J’ai fait une liste des sujets maudits pour mon père et à quatorze ans, il m’a fallu une feuille double. J’espère que mes quinze ans seront plus économiques et qu’une feuille simple suffira.
Il y a donc mon père, un homme d’affaire. Enfin je crois, il porte une cravate. Très occupé, stressé, pressé. Il a autant de portables qu’il a d’oreilles et les discussions avec mon père se font à plusieurs.
– Dit, papa.
– Oui, Robert.
– Il faut que tu signes mon carnet de…
Deux-mille euros, mais c’est trop Robert.
– Papa, c’est Marlène qui te parle, elle doit faire signer son carnet. Et si deux mille
euros c’est trop, cinq cents suffiront.
– Fait voir. Mais c’est catastrophique… Robert, c’est fantastique… Marlène tu t’es relâchée ce trimestre… ces clients, il ne faut pas les lâcher Robert.
– Relâcher, non. J’ai fait de mon mieux mais les interros étaient trop dures. Toute la classe s’est ramassée. Au fait, c’est bon pour les cinq cents euros!
Dans ma vie, il y a aussi mes frères, Samuel et Etienne. Samuel a vingt et un ans et est étudiant en biologie. Il habite encore chez nous car même les ghettos d’étudiants fauchés, c’est trop cher pour ma mère. Alors, il partage sa chambre avec Etienne. C’est mieux qu’une petite chambre où tu pisses sur le palier pendant qu’à côté Sandrine lave la vaisselle, que Redouane réhydrate des pommes de terre en flocons, que Laure se tape Julien qui la veille s’est tapé Alexandra, quAnaïs prend sa douche à l’eau froide parce que Paola est restée trop longtemps et tant pis pour Carole qui attend son tour comme une conne.
Samuel, en plus de ses études est livreur de pizzas. Il était tout content quand ScootPizz l’a embauché. Il accomplissait un rêve d’ado peu ambitieux, celui d’avoir un scooter.
Etienne, lui, est en reterminal. Il a foiré son bac l’an passé. Il veut être journaliste alors cette année il ne déconne plus. Si tu le cherches, il est à la bibliothèque.

Et puis, il y a Laurent. Depuis quelques jours, c’est la folie dans ma caboche. Je ne pensais pas que tout cela existait. Je me questionne, je doute. Parfois sur un petit nuage mais souvent redescendue sur terre, fracassée la tête la première. Je ne suis plus la même, complètement métamorphosée, complètement perdue aussi. Ni mon
père, ni ma mère ne m’avaient prévenue. Selma non plus. De toute façon, elle est dans la même galère depuis que Laurent est arrivé au collège.
J’ai rendez-vous avec lui lundi après-midi entre deux gâteaux arabes. J’angoisse. Avant Laurent je ne connaissais pas ce mot, alors que vais-je lui dire? Je ne veux pas le décevoir. D’autant plus que la prof principale nous a dit que nous avions de la chance d’avoir au sein du collège, un conseiller d’orientation.

J'en suis bouleversée de voir tous ces mots sur internet mais le plus pire dans cette affaire, c'est que j'ai mis vachement beaucoup de temps aussi à envoyer ce projet à un éditeur !
Quand on sait qu'un livre publié est lu par des centaines ou j'ai même mieux, des milliers de lecteurs… ai-je assez de couilles… heu les épaules assez larges pour écrire et assumer ?
Je dis oui mais là je fais ma timide, c'est la première fois pour moi que j'exhibe mes mots !

7 commentaires:

  1. j'aime beaucoup ce que tu as déposé ici. C'est marrant, je me retrouve un peu dans ton texte, ta façon d'écrire me paraît assez proche de mon univers. J'ai pris plaisir à te lire et je te souhaite bonne chance dans ta quête d'éditeur. As-tu pensé au Rouergue ?

    RépondreSupprimer
  2. Merci Severine.
    A vrai dire, je n'ai pas pensé à grand chose après l'écriture de ce roman ! Non, c'est juste que j'ai ciblé une grande maison d'édition et que depuis je n'ai pas engagé d'autres démarches.
    Je vais regarder de plus près la ligne éditoriale du Rouergue et je pense qu'en septembre, je repars à la chasse aux éditeurs en espérant rencontré réussite, succès et chamallow.

    RépondreSupprimer
  3. la suite, la suite, la suite !!!!!
    j'ai aimé, le style me plait et je pense qu'il plairait à beaucoup ! j'espère que tu vas trouver un éditeur (moi j'verrai bien l'école des loisirs).
    arrête de faire la timide et continue d'exhiber tes mots pour notre plus grand plaisir !
    je croise tout ce que je peux pr toi !

    RépondreSupprimer
  4. Un pur plaisir mais bien trop court ! J'espère que tu trouveras un éditeur non seulement par ce qu'il me semble que tu le mérites mais également pour avoir le plaisir de lire la suite !

    RépondreSupprimer
  5. Amandine et Florence, si vous êtes sages, très très sages, je vous offrirai un autre extrait ! Et pour ta proposition d'éditeur Amandine, c'est déjà fait!

    RépondreSupprimer
  6. Vu tous tes fans, si je propose de mettre la suite je pourrais peut etre me faire des sous... :). LE LIVRE DE L'ANNEE !

    RépondreSupprimer
  7. J'aime beaucoup ! C'est frais, vivant. L'écriture est fluide. On a envie de lire la suite...

    RépondreSupprimer